Peter Krausz est né en Roumanie et a émigré à Montréal en 1970. Il a étudié à l’Institut des Beaux-Arts de Bucarest de 1964 à 1969, puis, dès son arrivée au Québec, il a commencé à participer à de nombreuses expositions au Canada, aux États-Unis et en Europe. Il pratique la peinture, le dessin, la gravure, l’installation et la photographie. Plusieurs de ses œuvres appartiennent à des collections privées et publiques, comme celles du Musée d’Art Contemporain de Montréal, du Musée des Beaux-Arts de Montréal, du Musée National des Beaux-Arts du Québec et du Jewish Museum de New York. Il a reçu plusieurs bourses et distinctions et a gagné de nombreux concours dans le cadre du Programme d’intégration de l’art à l’architecture. Il a été conservateur et directeur de la galerie d’art du Centre Saidye-Bronfman durant les années 1980 et professeur à l’Université Concordia. Il est aujourd’hui professeur titulaire au département d’histoire de l’art de l’Université de Montréal. Il est représenté à Montréal par la Galerie de Bellefeuille, à Toronto par la Galerie Mira Godard et à New York par la galerie Forum.

La plupart des œuvres reproduites ici, mis à part les portraits, ont fait l’objet de deux expositions récentes, l’une à la Maison de la culture Côte-des-Neiges et l’autre à la Galerie de Bellefeuille, sous le titre général de (No) man’s land, qui regroupait plusieurs grands paysages inspirés par l’île de Chypre, ici appelée L’île d’Aphrodite, auxquels s’ajoutait dans la première exposition une série de vues aériennes de la frontière séparant les parties grecque et turque de l’île telles que représentées par Google Earth, lieu proprement « inter-dit » que l’artiste nomme Nekri zoni. L’idée de « frontière » est problématique dans l’univers de Krausz où il n’y a ni horizon ni rivage qui sépare la terre du ciel ou de la mer, mais une seule et même « étendue », théoriquement infinie, qui suggère que le champ visuel envisagé par l’art n’est jamais borné, qu’il se prolonge indéfiniment hors champ, hors temps ou hors histoire, comme c’est le cas de la mémoire et de l’imaginaire de l’exilé qui aura franchi plusieurs frontières dans l’espoir qu’un jour elles finissent par s’effacer. Une autre frontière s’inscrit en creux dans l’œuvre de Krausz : celle qui sépare les vivants et les morts, que son propre père, Tiberiu, lui-même artiste, aura traversé il y a quelques mois et dont certains portraits montrent comment elle nous traverse de part en part avant même qu’on ne commence à la passer… En 2009, un documentaire intitulé Peter Krausz : No man’s land a été produit et réalisé par Doïna Harap sur les œuvres qui ont donné lieu à ces deux expositions, auxquelles les pages de ce numéro des Écrits font à leur tour écho.

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