Artiste pluridisciplinaire, photographe, cinéaste, Dominique T Skoltz partage son temps entre ici et ailleurs, entre création sur commande, création libre et enseignement. Son travail polymorphe porte une signature qui la distingue instantanément. Elle a signé plusieurs installations, performances et films qui fouillent le rapport organique entre le son et l’image. Que ce soit en Asie, en Europe, en Amérique du Sud ou en Amérique du Nord, ses oeuvres, souvent inclassables, se sont imposées dans le circuit des arts médiatiques.
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Extraits du texte « Tester la miscibilité » de Chantal Pontbriand, paru dans le numéro 167.
« Une nappe d’eau en recouvre une autre. Et derrière, il y en a encore une autre qui déferle. Et encore une autre. Ça ne s’arrête presque jamais, ou si peu. Il arrive que l’eau soit calme. L’eau de la mer ou de l’océan, moins souvent. Ici les vagues sont douces, très peu hautes. Quand elles se chevauchent les unes les autres, elles forment de la mousse. Cela donne l’impression qu’elles bouillonnent. Les molécules se séparent et se retrouvent. Rien ne se perd. Si, quelques gouttelettes s’évaporent au moment de ce contact, il y a de l’eau dans l’air. Il y a de l’eau dans l’air que l’on respire. Tout est connecté. Le corps contient 65% d’eau. Cela explique peut-être notre fascination pour Mars où il y a si peu d’eau. C’est cela, selon ce qu’on en dit. Sans eau, il n’y a pas de vie, et il n’y a pas de lien. Pourtant on le cherche toujours. »
« La vague est vague, elle reste un mouvement ondulatoire à la jonction des eaux. Rien de trop précis. Rien de trop défini. Migrations (2018) explorait déjà ce trope en magnifiant l’infiniment petit, un monde où les petites fourmis s’activent et survivent, pullulent même. Ainsi va la vie. Judith Butler dans Ces corps qui comptent insiste sur ce décorticage pour ouvrir sur des puissances d’agir. Virginia Woolf en aura fait une œuvre-monument, Les vagues. Un livre infiniment beau et puissant. Boris Vian nous a donné L’écume des jours dont la force et l’énergie nous traversent toujours. Ces livres sont des porte-voix qui font écho au cosmos. Ils creusent l’infiniment sensible et l’essence de ce qu’est la relation, le lien, sans quoi rien ne peut exister. »