« Évoquant l’idée d’abandon, de désertion, ou de négligence, le délaissement décrit des lieux ou des objets qui ont été laissés sans surveillance, sans entretien, ou sans utilisation. Or, dans le contexte de la pratique photographique de René Bolduc, celui-ci dépasse la simple condition physique des sujets pour offrir une profondeur narrative aux images. Les éléments laissés derrière deviennent des chroniqueurs silencieux portant des histoires mystérieusement suspendues, des moments récents ou lointains, jadis animés qui ont été interrompus.

 

Ne cherchant pas à glorifier le passé, l’oeuvre de Bolduc va au-delà de la commémoration, et tend plutôt à susciter une forme de ressouvenir chez le spectateur. Les thèmes de l’abandon, du délaissement et de la nostalgie résonnent avec des expériences partagées de perte, de transition et de changement, touchant des cordes émotionnelles universelles. Ainsi, la mémoire évoquée dans ses images devient quelque chose de partagé, reliant l’expérience personnelle à celle, collective, de l’humain. Résonnant ainsi avec une potentielle familiarité du quotidien, son oeuvre transcende le cadre documentaire ou formel de la photographie en offrant des instantanés visuels pouvant s’apparenter plutôt à des témoignages. »

– Extrait du texte « Saisir le délaissement » de Sarah Boucher, paru dans le numéro 171. 

 

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